Romans


Éric Chevillard

Un fantôme


1995
160 pages
ISBN : 9782707315380
12.05 €
30 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille


Dans tout autre livre, Crab serait un personnage secondaire, le cadavre déjà froid autour duquel se développerait la passionnante intrigue policière, un homme de troupe, une silhouette au loin, la mule de Sancho Pança, un bruit de pas dans la nuit. On prêterait à peine attention à lui, méprisé par l'auteur et par les autres personnages, le lecteur même serait sans doute tenté de l'employer à tourner les pages. Crab est le héros unique de ce livre. Il se conduira comme tel jusqu'au bout, à la surprise générale.

ISBN
PDF : 9782707325259
ePub : 9782707325242

Prix : 8.49 €

En savoir plus

Anne Diatkine (Les Inrockuptibles, 13 décembre 1995)

Histoire de fantôme
Le nouveau livre d'Éric Chevillard se déguste comme on aime rire : en prenant son temps.
 
« On ne vous présentera pas Crab puisqu'Un fantôme le fait et que vous l'avez peut-être déjà rencontré dans La nébuleuse du crabe, un tout autre livre qui n'a rien à voir avec celui-ci, sauf qu'il est du même auteur sur le même sujet, si l'on peut traiter Crab de sujet sans risquer la diffamation. On ne vous présentera pas Crab parce qu'on ne veut pas ajouter un tissu de menteries aux " allégations intempestives ”, “ hypothèses que rien ne fonde ”, “ jugements à l"emporte-pièce ” et autres plaisanteries qui remplissent les deux ouvrages - le lecteur en est informé par un avertissement. Et pourtant, Crab mérite d'être connu, Un fantôme le prouve mais peut-on connaître un type qui traîne dans un ouvrage de ce nom ? À moins que son titre n'ait rien à voir avec Crab, auquel cas, d'accord, on s'incline pour livrer quelques indices sous forme de citations “ Crab a dix ans ressemblait tant à son père qu'il fut souvent battu comme plâtre par sa mère dont il était le portrait craché affirmait son père en le rouant de coups. ” Ou encore, “ Crab trouve chaque matin dans son courrier des refus de femmes, d'éditeurs, de banquiers, auxquels il n'a pourtant rien demandé, rien proposé, rien réclamé, qu'il ne connaît seulement pas, mais qui ont jugé préférable de prendre le devant ”. L'essentiel n'est pas là, diraient les adorateurs de Crab, agacés. Allez donc voir ailleurs ! D'autres pages ! Le paragraphe par exemple où il est dit que “ les femmes aux cheveux courts, elles vous le diront toutes, sont en train de les laisser repousser, tandis que les femmes aux cheveux longs s'apprêtent à les couper, elles vous le diront toutes, c'est pourquoi Crab qui préfère les femmes aux cheveux longs préfère les femmes aux cheveux courts ”. Mais précisément, l’une des caractéristiques d’Un fantôme est que n'importe quel paragraphe peut faire l'objet d'une citation, n'importe quelle phrase peut être brandie comme un argument. Précisons aussi qu’Un fantôme se lit lentement car, d'une part, rire prend du temps, d'autre part, chaque paragraphe est tellement accompli qu'on ne se précipite pas sur le prochain. Une pause est nécessaire. »

Jean-Baptiste Harang (Libération, 30 novembre 1995)

« À rendre compte d'un livre d'Éric Chevillard (c'est là son septième roman), on tombe toujours dans le même piège, I'envie de tout citer tant son texte sans gras à l’air de citations, de mots d'auteurs enfilés comme une parure. On s'enferre à chaque fois dans le même doute, on craint que la virtuosité du style et de l'intelligence, cette logique exacerbée appliquée à des paradoxes existentiels et légers, à des mots pris au mot, au pied de leurs lettres, tourne à vide. Et puis non, on est gagné par le vertige, ce vide est le sujet même de son écriture, elle repousse inéluctablement toute compassion envers la vanité et la vacuité d'être et nous force à partager ce regard angoissé et goguenard sur notre condition aléatoire d'être né. Et ça nous fait rire ? Oui. »

Jean-Claude Lebrun (L'Humanité, 22 décembre 1995)

« Éric Chevillard réussit le tour de force de suggérer tout cela sans paraître jamais évoquer autre chose que les mues successives de son personnage. Avec une virtuosité d'écriture, notamment tout un passage en reprises et répétitions sur le monde orchestral, qui se présente comme un vrai régal. De même que de subtiles inversions de sens dans le cours de la phrase, qui la retournent en son contraire. Jeux d'écriture d'un jeune romancier décidément brillant, pour une interrogation du plus grand sérieux sur son art. »

 




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