Romans


Éric Chevillard

Le Démarcheur


1989
128 pages
ISBN : 9782707312723
13.70 €


Monsieur Bénigne, successeur de son père à la tête d'une importante entreprise de pompes funèbres, ne tarit pas d'éloges sur Monge, leur vieux collaborateur. Grâce à lui, l'affaire est en pleine expansion. Tous les cimetières gagnent du terrain. Démarcheur infatigable, Monge piège le client jusque dans la rue et ne le lâche que lorsqu'il n'y a vraiment plus rien à faire pour lui.

ISBN
PDF : 9782707325136
ePub : 9782707325129

Prix : 9.99 €

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Jean-Claude Lebrun (Révolution, 1989)

« Absurde, loufoque, délirant, inquiétant, profond ? Le deuxième roman d'Éric Chevillard est sans doute tout cela à la fois. Le jeune auteur révélé par Mourir m'enrhume confirme en tout cas qu'il s'est bien engagé dans une singulière entreprise d"écriture, bornée par Beckett à un bout, par le calembour comme nouveau conformisme de la langue à l'autre. Un livre qui sur le ton dégagé et sans complexe, tellement à la mode, d’un à-qui-on-ne-la-fait-pas, dirige en permanence les regards vers des horizons moins futiles. Comme sur une télé aux canaux mal réglés, les images défilent, se brouillent, se chevauchent, mêlant les genres et les codes selon le plus évident arbitraire. Des parenthèses s’ouvrent et se referment pour un bon mot, un coq-à-l'âne, une digression, aussi problématiquement lestées de sens que bulles de savon. Des phrases, tels des rus imprévisibles, se ravisent au beau milieu de leur cours et changent de lit, ne finissant pas ce qui avait commencé, achevant ce qui n'avait pas débuté. Cela bouge, sautille, éclate, se disperse à un rythme superbement fou : sur cet écran-là tous les programmes défilent en même temps... Puis à la manière de ces images cachées au milieu du film, suggestions perfides dont on soupçonne les publicitaires, qui impressionnent le subconscient, un leitmotiv se dégage en contrepoint de toute cette effervescence, qui constitue le véritable point aveugle du roman : l’humain face au travail de la mort. Le tour de force d’Éric Chevillard, c'est en effet de faire passer pour invisible ce qui devrait aveugler, et par une succession de manœuvres de diversion langagières, de faire détourner le regard de ce qui crève les yeux. Car enfin tout tourne autour de la Marmor entreprise de pompes funèbres, et de son vieux collaborateur, maître ès épitaphes, Monge, grand rabatteur de clientèle, démarcheur tenace, cadre hautement performant contribuant à l'expansion de la maison. »

Georges Anex (Journal de Genève, 6 mai 1989)

La mort aux trousses
 
« (…) Démarcheur (il faudrait dire démarcheur éperdu, affolé par un métier qu'il change en une mission vertigineuse et impitoyable), Monge est également spécialiste en inscriptions funéraires, " gravées dans le marbre en lettres d'or étincelantes ”. Très épris de cette fonction, ou de cet art ultime et suprême, Monge non seulement regarde, suit les gens le long des rues ou dans les couloirs du métro (une religieuse en noir, carmélite peut-être, mais il n'y connaît rien, un enfant qui lâche la main de sa mère, une femme “ entre deux âges bien sonnés ” qui retire enfin du fond de son sac le ticket jaune, des hommes d'affaires vaquant au coude à coude ! mais il raccompagne les passants chez eux, et jusqu’à leur dernière demeure, cette tombe qu'il ornera d'une “ épitaphe inaltérable ”. Sa mission l'engage pour les siècles à venir. Il privilégie l'alexandrin : “ Que son repos soit doux comme son cœur fut bon. ” Ou encore : “ Ni le temps ni l'oubli ne tariront nos pleurs. ” Il use parfois à plus d'originalité après s'être renseigné avec soin sur la personnalité du défunt, son passé, ses goûts, sa bibliothèque (qu'il visite). (…) »

Jean-Maurice de Montremy (La Croix, 1989)

« Éric Chevillard (né en 1964) avait déjà suscité l’attention lors de la sortie de son premier roman, Mourir m'enrhume, où il traitait avec une sorte d'humour fatal d'un bien macabre sujet. Il semble que ce soit là, décidément, son registre puisque Monge, héros de ce deuxième roman, est un maniaque de l'épitaphe funéraire. Il travaille à la Marmor, sous la direction de Bénigne père et fils. Il grave ses poèmes du souvenir, amoureusement, sur toutes sortes de marbres (énumérés ici avec délectation). Il travaille aussi dans le recrutement si l'on ose dire, de la clientèle.
Éric Chevillard mène les choses de belle façon, avec un sens des formules, une rigueur dans le traitement du langage, tout à fait réjouissants et poétiques. Voici donc un écrivain très personnel qu'il faudra prendre l'habitude de suivre. Sans toutefois aller jusqu’à la tombe. »

 




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