Théâtre


Laurent Mauvignier

Une légère blessure


2016
48 pages
ISBN : 9782707329752
6.80 €
40 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille


Une femme reçoit ses parents à dîner, elle veut que tout soit parfait et se fait aider par une jeune fille, qui ne comprend pas le français. La femme peut lui avouer ses secrets, ses peurs, elle sait qu’on ne la contredira pas.
Elle évoque des souvenirs, ses amies, ses amants, des blessures insignifiantes et terribles qu’elle croyait avoir oubliées. Car elle parle avant tout dans l’espoir de saisir ce qui lui échappe : sa propre vie.

Une légère blessure est créée au Théâtre du Rond-Point à Paris du 3 au 27 novembre 2016, dans une mise en scène d'Othello Vilgard, avec Johanna Nizard.

ISBN
PDF : 9782707329776
ePub : 9782707329769

Prix : 4.99 €

En savoir plus

Jérôme Garcin, L’Obs, 15 décembre 2016

On destine cette chronique en priorité à nos lecteurs toulousains, lorientais et aixois. Dès le 12 janvier et jusqu'au 28 avril, ils auront en effet la chance de voir, dans leurs théâtres respectifs, la pièce de Laurent Mauvignier, «Une légère blessure», qui s'est jouée en novembre au Rond-Point, et, la rumeur aidant, à guichets fermés.
C'est en effet un choc. L'auteur de «Continuer» (Minuit), ce grand roman d'aventures dans les montagnes kirghizes qui a donné à la dernière rentrée littéraire de la hauteur, de la profondeur et de l'ampleur, prête ici sa plume à une jeune célibattante dont la logorrhée est un leurre. Sémillante, pétulante, sportive, extravertie et bourgeoise, elle parle beaucoup afin de mieux cacher un traumatisme qui remonte à l'enfance, dont elle ne s'est jamais remise.
Son dialogue est, en fait, un long monologue. Car elle ne cesse de s'adresser, depuis la salle à manger, à celle qui s'active à préparer le dîner et ne comprend pas le français, «cette langue morte répétée par des revenants». Dieu merci. Car tandis qu'elle dresse la table pour ses parents, son frère, sa belle-sœur et leurs enfants, la femme raconte à cette cuisinière invisible, muette et d'origine musulmane, sa sexualité débridée, mais aussi sa détestation des mecs «dépendants», son obstiné refus de «se laisser enfermer dans le désir des hommes». Elle dégorge sa vie pendant que la domestique touille sa sauce. Et elle finit, en la tutoyant, par lui confier son secret, par désigner d'où vient sa «légère blessure» et qui l'a autrefois causée, un jour insoucieux de printemps, alors que le soleil était haut et le bonheur, tranquille.
Cette pièce, où Laurent Mauvignier ajoute à sa galerie de femmes fortes et cassées, vient de paraître (Minuit, 6,80 euros). Elle est aussi explosive qu'une bombe à retardement glissée sous un napperon. On peut donc la lire. Mais la voir, mise en scène par Othello Vilgard, c'est encore autre chose. La comédienne au physique de renarde et à la voix cuivrée qui l'interprète est bluffante. Elle s'appelle Johanna Nizard et, malgré d'éloquents états de service - elle a joué Shakespeare, Goldoni, Brecht, Sarraute, été dirigée par Jacques Lassalle et Eric Vigner -, on ne la connaît pas assez. C'est une tornade. Elle ose tout. Raffinée et bravache, élégante et nue, Louboutin et Converse, elle est à la fois légère et blessée. Le titre de la pièce, elle fait mieux que l'incarner, elle le corrobore. Croyez-moi, on n'a pas fini d'entendre parler de Johanna Nizard.

 




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