Théâtre


Laurent Mauvignier

Proches


2023
128 pages
ISBN : 9782707348951
15.00 €
30 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries Schleipen.


« Tellement proches. On est si proches - tellement rapprochés qu'on peut plus respirer - j'étouffe - on étouffe à force d'être si proches. »

Proches sera créée le 12 septembre 2023 au Théâtre de la Colline à Paris dans une mise en scène de Laurent Mauvignier et jouée du 12 septembre au 8 octobre 2023 au Théâtre de la Colline.

 

ISBN
PDF : 9782707348982
ePub : 9782707348975

Prix : 10.99 €

En savoir plus

France Culture, "Affaires culturelles", une émission d'Arnaud Laporte

18 septembre 2023

"Romancier accompli, Laurent Mauvignier franchit un nouveau cap dans sa relation au théâtre puisqu'il met lui-même en scène la création de sa nouvelle pièce. C'est l'occasion pour nous de revenir sur son processus d'écriture."

écouter l'émission

 

 

RFI,  "De vive(s) voix", une émission de Pascal Paradou

19 septembre 2023

Pour écouter l'émission

 

 

Joëlle Gayot, Le Monde, 14 septembre 2023

Laurent Mauvignier : « Il y a de l’amour, hélas »

Dans son spectacle Proches, l’écrivain dépeint une famille attendant la sortie de prison de Yoann, le fils

 

ENTRETIEN


Onze ans après sa première pièce de théâtre (Tout mon amour), Laurent Mauvignier passe à la mise en scène de son dernier texte au Théâtre national de la Colline, à Paris. Avec Proches, qui raconte l’histoire de personnes attendant la sortie de prison d’un jeune homme, Yoann, il effectue un zoom sur la nature aliénante des rapports familiaux.

Qu’est-ce que le théâtre vous apporte que vous ne trouvez pas dans l’écriture du roman ?

Le théâtre ne me hante pas de la même manière. Mon désir de lui est un caillou dans ma chaussure : il apparaît, disparaît, réapparaît. Vient un moment où, pris au piège, je sais que je vais être obligé de passer par lui. Ce n’est pourtant pas ce pour quoi je suis le plus doué. J’ignore combien de temps la pièce en cours va me réquisitionner : deux, trois, quatre ans ? Je vais au bout d’une version, j’attends, je me relis quelques semaines plus tard, et là, je suis consterné. Tout est nul. Alors je m’y remets. Dans le roman, je me sens chez moi. Au théâtre, je me sens chez les autres. J’ai besoin du théâtre parce que j’ai besoin des autres. Il me déstabilise, me violente, m’agace, mais je viens précisément y chercher une façon différente de penser la narration.

Il y a pourtant de la théâtralité dans vos romans. La ligne est-elle si franche que ça ?

Si je suis allé vers le théâtre, c’est précisément pour clarifier la question de sa présence dans mes romans. Les tout premiers étaient des monologues où, peu à peu, je me suis senti à l’étroit, coincé dans le regard d’un unique personnage. J’avais envie de plus d’amplitude et d’un mixage entre des points de vue omniscients qui circuleraient de tête en tête. Mais je me méfie des adaptations qui désarticulent mes livres. Même si c’est l’enfer, je voulais écrire directement pour le théâtre, car il a une façon passionnante d’échapper à la linéarité.
Lorsque j’étais étudiant aux Beaux-Arts [de Tours], l’auteur Valère Novarina est venu faire une lecture. Pour le jeune élève inculte que j’étais – arrivé de ma campagne, je sortais d’une année de brevet d’études professionnelles spécialité comptabilité et n’avais pas le bac –, ce moment a été déclencheur. La génération de Samuel Beckett et de Marguerite Duraspassait indifféremment du roman au théâtre, celle d’après ne l’a pas fait. Pourquoi ? Duras dit que mettre en scène, c’est mettre en littérature : ça me paraît évident.

Une archéologie souterraine relie-t-elle vos textes entre eux ?

Certains personnages dialoguent de page à page. Certains sont les amorces d’un suivant, mais qui prendra le temps de se dessiner dans un prochain livre. Des tentatives inaccomplies qu’il me faut repréciser. Je les porte en moi comme les souvenirs de gens aimés qui seraient morts voici longtemps. A tel point que je me dis que, peut-être, aux derniers instants de ma vie, je finirai par confondre tout le monde et faire comme Honoré de Balzac [1799-1850], qui, agonisant sous le regard de ses docteurs, a demandé qu’on lui amène Bianchon, le médecin de La Comédie humaine [1830-1856]. Un médecin de fiction !

Proches est de facture orthodoxe, avec personnages, dialogues et didascalies. Pourquoi ce classicisme ?

Je suis le produit d’une génération qui refusait la figuration en peinture et la fiction en littérature. A quoi bon casser la forme, puisqu’elle était déjà cassée par les avant-gardes ? Il m’a fallu du temps et la découverte d’auteurs tels que Bernard-Marie Koltès [1948-1989] pour comprendre qu’on peut être contemporain en passant par des formes déjà éprouvées. Il ne s’agit pas de faire du neuf avec de l’ancien, mais de montrer comment les codes, modernes ou conventionnels, doivent être réinterrogés en permanence. En ce sens, je trouve les histoires de famille formidables. La même chose s’y raconte toujours, mais avec des variations.

Votre pièce dérape de situation en situation, en opérant un zoom sur l’intériorité des personnages…

La pièce joue sur des codes naturalistes pour basculer vers la déréalisation. Les personnages sont parfois prosaïques et triviaux, puis, sans prévenir, ils entrent dans un univers mental qui n’a plus rien de réaliste. C’est très excitant de chercher comment résoudre ces bascules au plateau.

Yoann, le fils absent attendu par la famille, semble être le grand ordonnateur du délitement. Est-il votre double ?

Il n’est pas celui dont je me sens le plus proche. Je suis un peu en chacun des protagonistes, et chacun recèle une partie secrète. Rien n’est raccord dans ce fonctionnement familial. Et si les parents étaient les véritables gosses ? Si la mère n’avait pas voulu avoir d’enfants ? Nous faisons, dans la vie, ce à quoi nous sommes assignés. Nous jouons à être le fils avec sa mère, le frère avec son frère, l’amant avec sa maîtresse, le bon père de famille. Tous, nous nous regardons jouer nos rôles. Mais qui est-on vraiment ? Depuis Loin d’eux, ce doute hante mes romans.

Diriez-vous jusqu’à dire, comme l’a répété Koltès, qu’il n’y a pas d’amour ?

Le fond de ma pensée est plutôt : il y a de l’amour, hélas. Le problème n’est pas de ne pas aimer, mais d’aimer et de savoir comment faire avec ça. Nous avançons avec des injonctions de liberté pour comprendre finalement que nous sommes enchaînés aux personnes que nous aimons. C’est intenable. Marguerite Duras affirme que le seul amour possible est l’amour absolu. Le seul amour qui ne négocie pas, ajoute-t-elle, est celui de Dieu. J’ai pensé à ses mots en écrivant Proches. On dit de la famille qu’elle est l’un des seuls endroits où existerait un amour inconditionnel, mais qu’en sait-on ?

Vous sentez-vous dépossédé lorsque les comédiens jouent vos textes ?

On parle toujours de la dépossession comme d’une mauvaise nouvelle, alors que c’est ce qui peut arriver de mieux à un auteur. Cela fait longtemps que j’ai commencé à travailler sur Proches. Si le public peut m’aider à m’en débarrasser, j’en serai ravi !




Chloé Brendlé, Le Matricule des Anges, septembre 2023

Diacritik, 11 septembre 2023,

Grand entretien avec Laurent Mauvignier, mené par Johan Faerber

 

"Magnétique et splendide : tels sont les deux mots qui viennent à l’esprit pour qualifier la nouvelle pièce de Laurent Mauvignier, Proches qui vient de paraître aux Éditions de Minuit. Dès ce 12 septembre, la pièce sera jouée au théâtre de La Colline à Paris dans une mise en scène de Laurent Mauvignier lui-même, une première pour l’auteur.

 

Proches représente une famille qui attend le retour de Yoann, figure trouble, spectrale, dont la vie chaotique a fini par déchirer de sa violence ses proches et les éloigner irrémédiablement les uns des autres. Le théâtre de Mauvignier commence toujours là où le langage se finit : Proches ne fait pas exception à cette règle magnifiée par ses acteurs, qu’il s’agisse notamment de Charlotte Farcet, Pascal Cervo ou Maxime Le Gac-Olanié. Autant de raisons pour Diacritik de partir à la rencontre du dramaturge et metteur en scène à la veille de sa première."

Lire le grand entretien






Jérôme Garcin, L'Obs, 24 août 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 




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