Romans


Christian Oster

Volley-ball


1989
128 pages
ISBN : 9782707312761
14.70 €


 Les règles, tu les apprendras en nous regardant jouer. Elles ne sont pas si compliquées que ça. Il y a pas mal de coups interdits, bon. Et peu d'autorisés. En outre, les joueurs d'une équipe changent de place par rotation quand ils prennent le point de l'équipe adverse... En fait, tout dépend de la partie. 

Georges Anex (Journal de Genève, 6 mai 1989)

La mort aux trousses
 
 (…) Sur un rythme plus lent et plus narquois (le hochement de tête revient fréquemment, marquant une indécision ironique), Christian Oster (né en 1949) construit son premier roman, Volley-ball. Ce n'est plus de la mort qu'il s'agit, en son cycle universel, mais d'un mort, ce Philippe Beaumont brusquement tombé, un beau matin, sur le carreau de sa cuisine : “ L'homme gisait là, près de l'évier, parmi les éclats d'un verre qu'il avait probablement lâché en tombant. ”
Louise, sa femme, incapable de faire face à cet événement, appelle à l'aide Bertin, son voisin de palier. Taciturne et conciliant, dépourvu de toute espèce de préjugé et de prévision (un peu à la manière du Meursault de Camus), ce Bertin va se trouver pris dans une sorte d'engrenage, à partir de ce cadavre inconnu, devenu un objet encombrant, étendu sur le sol, avant l'arrivée d'un médecin et de divers officiants traités avec l'humour qu'on imagine. Assis à la table de la cuisine, Bertin observait l'homme mort, qui semblait dormir dans le creux de son coude. La pièce lui paraissait conçue pour le contenir, voire le conserver. “ Bertin commençait à se sentir bien près de cet homme gisant et de cette femme qui entrait, la figure en larmes. 
Un curieux chassé-croisé va se développer, comme dans ce sport que Bertin rêve de pratiquer un jour, un jeu de balles renvoyées sans cesse. Louise s'installe chez lui et lui chez elle le plus souvent. La compagne épisodique de Bertin, du nom de Brigitte, prend sa part d'un jeu à la fois insolite et naturel. Bertin souhaite, semble-t-il, vivre avec l'une et l'autre. Alternativement. Ou les fuir l'une et l'autre. Et il est habité par la mémoire du mort inconnu. Au fil d'un récit minutieux et savamment digressif, la situation se défait et se recompose. Les moments séparés, on voudrait dire étanches, décrivent une histoire qui naît et s'enrichit à l'insu de ceux qui la vivent. La qualité du style y suffit et l'art de rendre (comme un peintre ou un cinéaste) les gestes dépliés au ralenti et les visages en gros plans. Descendre un escalier, allumer une cigarette, s'insérer (l’auteur aime aussi ce mot) entre les consommateurs d'un bar, tout prend de l'importance et un sens. La vie a ses règles comme le sport, comme le volley-ball. Rien, au cœur du hasard, n'est laissé au hasard. Christian Oster nous donne, à sa manière, une leçon d'écriture, singulière et attachante. 

 




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