Romans


Yves Ravey

La Fille de mon meilleur ami


2014
160 p.
ISBN : 9782707323811
14.00 €
35 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille


Avant de mourir à l’hôpital militaire de Montauban, Louis m’a révélé l’existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Il savait seulement qu’elle avait passé des années en asile psychiatrique et qu’on lui avait retiré la garde de son enfant.
Il m’a alors demandé de la retrouver. Et j’ai promis. Sans illusion. Mais j’ai promis. Et c’est bien par elle que tout a commencé. 

ISBN
PDF : 9782707329141
ePub : 9782707329134

Prix : 6.99 €

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Sabine Audrerie, La Croix, jeudi 6 mars 2014

Le destin de W. Bonnet, directeur financier, Montceau-les-Mines

Dans son dernier roman, l’écrivain Yves Ravey joue de nouveau du suspense et de l’incongruité des situations, poursuivant sa réinvention très littéraire du roman noir

Le destin de William semble devoir se résumer à un orage. D’autres que lui y auraient vu un mauvais présage, se seraient méfiés, auraient fui; lui se contenta de relever le col, d’affronter le grain, d’attendre une éclaircie. Missionné par son meilleur ami, juste avant sa mort, sur son lit d’hôpital militaire, William se devait à sa promesse : prendre soin de la fille du défunt.
Promettant, il ne s’était pas douté dans quoi il s’embarquait. Mathilde n’est pas une fille comme les autres. Mathilde a des réactions bizarres, incontrôlables. Il y a quelques années, un jugement lui a retiré la garde de son fils, lui interdisant désormais de le voir. Le petit garçon vit depuis dans une ville de l’Essonne, avec son père, Anthony, ouvrier de l’usine Rhône-Poulenc voisine, et sa femme Sheila, devenue sa nouvelle mère. Mathilde veut revoir Roméo; après, elle les laissera tranquilles. Alors William développe un plan, pour faire plaisir à Mathilde: demander à Sheila une faveur, une heure d’entrevue, contre de l’argent, avant d’entrevoir transaction plus juteuse, sous la forme d’un chantage, un coup de poker. Encore faudra-t-il tenir le branlant château de cartes en équilibre.
Le tour de force du romancier est de créer un antihéros aussi insaisissable qu’un fluide au mercure. Qui est-il, ce William Bonnet, prétendument directeur financier de l’entreprise de cycles Vernerey de Montceau-les-Mines? Sa personnalité se dérobe au lecteur aussi sûrement que William se présente sous telle ou telle identité à ses différents interlocuteurs, muni de fausses cartes de visite. Est-il l’homme mature sur qui Mathilde peut compter, l’ami solide et réfléchi qui autrefois épaula son père? Ou juste un simple d’esprit au passé trouble et au rythme de vie heurté, prompt à se fourrer dans le premier pétrin?
À son habitude, Yves Ravey aime multiplier les zones d’ombre, et même en jouer, comme il joue au sens propre au long de cette nouvelle fiction d’ombres et de lumières, multipliant les averses, les rayons de soleil et les éclats des gyrophares, munissant ses protagonistes de nombreuses paires de lunettes, lampes torches, reflets, mirages et autres écrans de fumée. Sachant distiller une atmosphère angoissante épaisse de suspense où tout semble pouvoir exploser à tout instant, Yves Ravey développe des intrigues en forme de spirale, semblant tourner autour d’un point aveugle. L’écrivain réinvente le roman noir en version blanche livre après livre, s’appuyant comme les classiques du genre sur un contexte social, et ne se privant pas de situations désopilantes.
«À l’abri sous mon imperméable, j’ai sorti du coffre de la Sunny mon livre – cadeau de Monsieur Vernerey pour fêter mon embauche quelques mois plus tôt à mon retour d’Afrique –, rangé entre le cric et la roue de secours. J’ai lu. En terrasse. Quelques lignes, au hasard, dans la partie intitulée Genèse, en sirotant un gobelet de café pris au distributeur. Ensuite, je me suis penché sur un journal de petites annonces
C’est qu’il bouge beaucoup, William: de la chambre au bar du motel, du parking à l’usine, de la HLM de Sheila au bar du coin. On retrouve dans ce roman les repères ironiquement topographiques de Ravey, non loin des stations-service et des parkings de banlieue, comme celle où faisait halte à plusieurs reprises la mère inquiète aux allures de tendre Yolande Moreau de son précédent livre, Un notaire peu ordinaire. Les personnages d’Yves Ravey ne ménagent pas leur peine en allées et venues. On les suit comme des pauvres diables, la rate au court-bouillon, égaré par les titres mystérieux de l’auteur agissant peut-être en trompe-l’œil. Comme la mousse débordante d’un milk-shake bon marché offert dans un bar de banlieue.

Philippe Lançon, Libération, jeudi 6 mars 2014

Ravey à fond la caisse des grévistes. Un ange gardien escroc honore une promesse

Le titre pourrait être celui d’un film d’Eric Rohmer ou de Patrice Leconte. La plupart des personnages ont des noms de terroir légèrement télévisé, moitié Genou de Claire, moitié Guy Lux : Mathilde Chafanjon et son fils Roméo, Sheila et Anthony Simonin, William Bonnet, Bardot, Leduc, les cycles Vernerey à Montceau-les-Mines. Le narrateur a une Nissan Sunny, véhicule japonais bas de gamme produit de 1966 à 2007. La date de fabrication n’est pas précisée. Le gendarme est blond, même quand il sourit. C’est l’ange examinateur. L’ouvrier qui tient la caisse des grévistes a un gros cartable en cuir. Le style semble d’une perfection appliquée, vernie : «L’employé a ouvert la vitre coulissante. Maintenant, les bruits du boulevard pénétraient la réception et le bar où je m’étais assis. Il a installé un parasol en le roulant sur son socle de ciment, non sans difficulté, côté terrasse, puis il m’a invité à prendre le soleil devant les bacs à fleurs, qu’il a arrosés au jet. J’ai veillé à ne pas mouiller la semelle de mes mocassins, et je me suis déplacé à l’ombre du parasol, en face du parking
Etiquettes. C’est un style qui plante le décor par ce qu’il décrit, mais aussi par la manière dont il le décrit : un fond de tableau linguistiquement neutre, lisse, dans lequel tout, au premier plan comme au second, par le détail, va pouvoir se dérégler en ironie : des poux espiègles semblent sortir de la chevelure de madame Bovary. Car rien ni personne n’est tout à fait ici à la place qu’on attend, comme si une main avait déplacé les étiquettes dans les rayons du supermarché. Par exemple, Bardot n’a de commun avec Brigitte que d’être une brute. C’est l’homme de main d’un patron qui affronte des ouvriers en grève, mais pas seulement. Il a de gros poings, il s’en sert ; le voici : «Il a déclaré occuper un poste à l’usine Rhône-Poulenc. Les relations humaines. Mais dans une autre ville. Au siège, a-t-il précisé. Je suis arrivé hier, je repars demain.» Une fois sa mission remplie. Mais laquelle ? L’intrigue débute dans un hôpital militaire de Montauban et se développe «quelque part au sud de Savigny-sur-Orge», célèbre pour sa côte et sa sortie de l’autoroute A6. William Bonnet promet à son meilleur ami, qui a sauté sur une mine antipersonnel, de s’occuper de sa fille Mathilde, dont William ignorait l’existence. Elle a quelques problèmes psychiatriques. La justice lui a enlevé son fils. Trois pages plus loin, William la connaît depuis deux ans et ils sont au sud de Savigny, pour qu’elle puisse revoir en douce son fils, qui vit chez les Simonin. Ce n’est pas simple : Mathilde vole dans les magasins, transporte un wagon de médicaments, jette sa valise par la fenêtre. C’est William qui raconte. C’est par lui qu’on apprend, chemin faisant, qu’il n’est pas le héros d’amitié et le tuteur que la situation suggérait. Ou plutôt : il n’est pas que ça. C’est aussi un escroc.
Ce qui est drôle, c’est la manière dont il nous l’apprend. Le lecteur est un chat marchant sur de la purée tiède qui, pas après pas, s’avère brûlante. William lui sort ses différentes cartes de visite, selon le contexte. Directeur financier des Cycles Vernerey, assistant social, journaliste. De même qu’on apprenait soudain que le héros de La Tache était noir, comme si on l’avait toujours su, on apprend que William a piqué la caisse de Vernerey, truandé ici et là, qu’il est en fait capable d’à peu près tout. Mais en douceur, presque lâchement. Ses coups de théâtre sont d’autant plus efficaces qu’ils sont molletonnés.
Milk-shake. Ainsi, on l’avait cru honnête jusqu’au moment où il fait un lien qui nous échappait : «Il y avait dans cette ville une occasion à saisir, mais je ne savais encore laquelle. Ça m’était venu à l’esprit après mon passage du côté des usines une heure plus tôt, et cette discussion avec les ouvriers du piquet de grève. Quelque chose advenait, et ce quelque chose était en rapport avec le cartable porté par Anthony.» Ce cartable contient la caisse des grévistes. Plus tard, quand il fait chanter Sheila autour d’un milk-shake, c’est un film de Tarantino : le bourreau, sadique, fait accoucher sa victime du sort qui l’attend. Comme souvent chez Ravey, il y a menace, malaise, inquiétude psychologique et sociale ; mais toutes ces causes produisent ici un même effet, comique.
Ce divertissement si réussi dévoile enfin quelques rapports entre l’escroc et l’écrivain : tous deux nous mènent par le bout du nez. Leur double-fond et leurs mensonges n’apparaissent que si et quand ils l’ont décidé. L’emploi du temps, du temps des autres, c’est leur affaire : William Bonnet, Yves Ravey, même combat. A une différence près : l’un ne contrôle pas la folle du logis, l’autre si. C’est en effet par les délires de Mathilde que William sera coincé. Voilà le problème, avec les fous : le moment où la vérité sort de leur bouche, comme par hasard, est toujours celui où l’on voudrait continuer à la cacher.

Raphaëlle Leyris, Le Monde, vendredi 7 mars 2014

Economie de l’arnaque

Un petit escroc cherche à se refaire… Ni thriller ni romance, « La Fille de mon meilleur ami », d’Yves Ravey, embobine pourtant son lecteur

William Bonnet possède toute une collection de fausses cartes professionnelles, qu'il distribue en fonction de son inspiration à ceux qu'il a décidé d'entourlouper pour une raison ou une autre – ou juste pour la beauté du geste. En quoi le héros et narrateur de La Fille de mon meilleur ami évoque un peu son auteur, Yves Ravey, roi du bonneteau littéraire, qui excelle à attirer le lecteur vers de fausses pistes.
Ainsi du titre de son douzième roman : de « la fille de son meilleur ami », il sera finalement fort peu question ici, encore moins sous l'angle de la romance que pourrait sous-tendre cet intitulé. A peine est-elle un prétexte au démarrage de l'intrigue, cette Mathilde dont Louis n'a parlé à William que sur son lit de mort, dans une scène d'ouverture presque parodique, en le chargeant de la retrouver. A la page suivante, voilà deux ans que William s'est acquitté de cette tâche – le lecteur ignorera jusqu'au bout comment il s'y est pris. Il « veille » toujours, comme promis, sur Mathilde (sans qu'on sache à quel degré d'intimité précis s'étend sa vigilance, et peu importe). Les deux sont en visite du côté de Savigny-sur-Orge (Essonne) pour que la jeune femme puisse voir son petit garçon, Roméo – lors de son divorce, les réguliers séjours de Mathilde en institut psychiatrique ont poussé le juge à lui refuser tout droit de visite.
William, qui vient de se faire licencier d’une entreprise pour escroquerie et faute grave, échafaude des plans afin de décrocher cette rencontre entre Mathilde et Roméo. Il va de leur motel miteux à la ville, à la recherche d’informations sur la nouvelle vie de l’ex et sur sa deuxième femme, grâce à laquelle il va tenter d’obtenir le rendez-vous – et plus que cela car, comme on le découvrira, il a un plan retors et peu glorieux pour se refaire grâce à la grève de l’usine du coin. Mathilde, pendant ce temps, pique des crises, jette les valises par la fenêtre, vole dans les magasins, comme si elle cherchait à se faire repérer par les gendarmes.
Mais les interprétations psychologiques n’ont pas leur place chez Yves Ravey. Ce qui compte, ce sont les actes décrits et les paroles échangées, qui se coulent dans la narration. Des paroles pas très nombreuses, du reste, sauf quand il s’agit de noyer l’interlocuteur sous un déluge de mots. En dehors de ces vagues stratagèmes, de même qu’Yves Ravey écrit avec une merveilleuse parcimonie, ses personnages dialoguent peu. Au début du roman, il livre une sorte d’art poétique : quand Mathilde lui demande de lui parler de son père, William fait au lecteur une courte liste de ce qu’il tait avant de révéler qu’il évoque « seulement » la mort de celui-ci, puis de couper tout élan de bavardage trop poussé : « Ne cherche pas plus loin, Mathilde. »
« Chercher plus loin » chez l’auteur d’Un notaire peu ordinaire (2013, qui paraît en poche, Minuit, « Double », 112 p., 7 €), c’est, de toute façon, prendre le risque d’opacifier les choses, de les comprendre encore un peu moins. La belle clarté et la grande simplicité apparente de son écriture nimbent pourtant consciencieusement ses romans d’obscurité. Depuis son entrée en littérature avec La Table des singes (Gallimard, 1989), Yves Ravey ne cesse de prouver la richesse du peu, lui dont les romans ne dépassent jamais les 200 pages. L’écriture n’a pas besoin de grand-chose pour installer une atmosphère de grande banlieue un peu triste – un snack-bar, le nom de deux rues, un parking d’hôtel… - comme pour donner des airs de thriller à son roman en le faisant basculer dans une tonalité inquiétante – ainsi lorsque William, dans les premières pages, affirme soudain, presque menaçant : « Tu sais que je ne regrette jamais rien, Mathilde. »
C’est de cette ténuité même que naît l’hypnotique étrangeté de La Fille de mon meilleur ami. Sans explications psychologisantes, sans trop-plein de paroles, les actions des personnages apparaissent erratiques, le roman prend des chemins qu’il n’a pas balisés, se permet de formidables embardées, et un narrateur tel que William a tout loisir de faire surgir sa drôlerie parfois glaçante. Et c’est ainsi que le héros et l’auteur embobinent le lecteur. Qui en redemande.

Nathalie Crom, Télérama, 12 mars 2014

On ne trahit pas une promesse scellée sur un lit de mort. Surtout quand on est un brave type. Enfin... Sous le roman noir, l'ironie, par l'embobineur Ravey.

Les habitués le savent, les néophytes le pressentent d'emblée : on n'est jamais trop minutieux, trop circonspect, lorsqu'on entreprend la lecture d'un roman d'Yves Ravey. Jamais trop soucieux de la moindre précision atmosphérique, géographique ou généalogique, de la couleur d'une robe, d'un canapé ou du mobilier d'une chambre d'hôtel, d'un modèle de voiture ou du parfum fruité d'un milk-shake... D'où vient que chaque détail, si réaliste et trivial soit-il – et il l'est, très généralement –, fait l'effet tout ensemble d'élément capital et de bombe à retardement subrepticement déposée, affleurant à la surface d'une prose limpide, n'attendant que le bon moment pour exploser et révéler son potentiel funeste ? Allez savoir, mais c'est ainsi : avant même que s'enclenche véritablement la mécanique de haute précision qu'est toute intrigue d'Yves Ravey, l'attention est aiguë, le lecteur aux aguets – l'œil écoute.
La voix qu'il entend, en l'occurrence, dans La Fille de mon meilleur ami, est celle de William Bonnet – « directeur financier, cycles Vernerey. Montceau-les-Mines », précise sa carte professionnelle. Ou, pour mieux dire, l'une de ses cartes, puisqu'il va s'avérer bientôt que William en possède toute une panoplie, sur lesquelles varient tant son nom que sa profession, sa fonction sociale. On en est troublé, d'autant que ce n'est pas là le seul indice tendant à indiquer que, non, décidément, il faut bien se rendre à cette évidence, ce William n'est pas celui qu'on croyait. Car, au départ, on avait vraiment pensé avoir rencontré un brave type. Flegmatique, serviable, d'une patience d'ange, tandis qu'il prête main-forte à l'encombrante, dépressive, bruyante, alcoolique... en un mot, l'épuisante Mathilde. William se montrant en cela fidèle au serment fait à son meilleur ami, Louis, sur son lit de mort, deux ans plus tôt, de veiller sur sa fille après qu'il aura disparu. Mais voilà que les circonstances – pour résumer : Mathilde, au sortir d'un séjour en psychiatrie, désireuse de revoir son fils, Roméo, confié à son père et à la nouvelle compagne de celui-ci, Sheila – amènent l'ange gardien à dévoiler peu à peu d'autres aspects, moins vertueux, de sa personnalité et de ses mœurs.
Mais ce processus de révélation ne doit pas induire en erreur : on n'évolue jamais, chez Yves Ravey, dans le roman psychologique, ni même dans la fiction réaliste. Comme les ouvrages qui l'ont précédé, La Fille de mon meilleur ami est avant tout un objet de pure littérature. Un songe tout à la fois ironique, cruel et anxieux, épousant la forme du roman noir, celle aussi d'une représentation donnée par un théâtre d'ombres – dont Yves Ravey est le marionnettiste virtuose.

Arnaud Gonzague, Le Nouvel Observateur, 15 mai 2014

Perle noire

Au chevet de Louis, son ami mourant, William a promis de prendre soin de sa fille. Laquelle, prénommée Mathilde, a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique et ne paraît toujours pas, sur le plan mental, dans une forme olympique. Mathilde aimerait retrouver la trace de Roméo, le fils de 5 ans qu'elle a eu avant son divorce et que la justice lui interdit de voir. William veut tout faire pour l'aider, donc direction Savigny-sur-Orge à la rencontre du fiston.
Sur cette trame aussi palpitante qu'un entrefilet du «Parisien» (édition Essonne), Yves Ravey brode, comme à son habitude, un récit qui ne paie pas de mine mais, bientôt, monte en puissance et finit par nous accrocher mieux que dix polars. L'écriture, d'une blancheur tout étudiée, entortille vicieusement le lecteur, notamment par un usage expert des dialogues qui savent instiller une tension inattendue: il suffit qu'un gendarme vienne interroger le couple, de manière on ne peut plus réglementaire, et l'on se prend à trembler pour eux. Et puis il y a William, le narrateur de cette épopée de quatre sous: l'ancien directeur commercial qui a piqué dans la caisse n'est pas seulement le brave loser qu'on imagine au départ. Comme échappé d'un roman de Jim Thompson (l'auteur de «Des cliques et des cloaques», adapté au cinéma par Alain Corneau sous le titre «Série noire»), il révèle vite une face roublarde, menteuse et donc follement humaine. Le genre de type qui traîne des casseroles minables aux fesses, trouve évidemment le plus médiocre moyen de les racheter, et tombe amoureux de la mauvaise personne au pire moment. Dans son écrin de cauchemar urbain, très ordinaire (cafétéria de supermarché, hôtel passe-partout de banlieue...), le héros d'Yves Ravey et sa foldingue de petite protégée courent naturellement à leur perte - quelle autre direction pourraient-ils bien emprunter de toute façon? Ils nous entraînent avec eux, pieds et poings liés jusqu'à la dernière page. Et l'on se dit que cette courte équipée est une perle de noirceur, salement bien fichue.

 




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