Romans


Eugène Savitzkaya

Célébration d'un mariage improbable et illimité


2002
96 pages
ISBN : 9782707317926
13.50 €
30 exemplaires numérotés sur Vergé des papeteries de Vizille


Quelque part dans le monde un festin se prépare, des noces sont célébrées : la corporation des bouchers marie ses enfants. Pour honorer les deux tribus qui se lient, sont présentes les autres tribus de la confrérie/sororerie. On parle, on boit, on chante, on jure, on évoque le destin. Autour des convives, le temps, s'exprimant par le vrombissement des mouches, le bourdonnement des abeilles, le bruit des feuilles et les trilles têtus des merlettes, les asperge de questions fondamentales. Fiancée et fiancé sont absents de la fête.

ISBN
PDF : 9782707331311
ePub : 9782707331304

Prix : 9.49 €

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Fabrice Gabriel (Les Inrockuptibles, 26 mars 2002)

« Eugène Savitzkaya revient fêter le mariage de la langue et du corps en accouchant d'un livre aussi improbable que réussi. Eugène Savitzkaya est comme un fantôme échappé de notre mémoire, un revenant flou qu'on imagine sans âge, magiquement incarné, comme s'il était depuis toujours “ déjà là ”. C'est plus qu'un écrivain : un corps tombé d'ailleurs sur la page, sale Rimbaud belge dont on réalise soudain qu'il égrène son bestiaire et ses cataclysmes depuis presque trente ans. (…) Célébration d'un mariage improbable et illimité répète encore une fois cette violence, l'abrupte beauté des premiers instants, le retour à l'identique de la poésie donnée dès les textes du début, reprise au fil de titres éloquents : Les Morts sentent bon, Sang de chien, Cochon farci… Dans leur lignée, le livre d'aujourd'hui est à peine un roman, même si la couverture l'annonce tel. C'est plutôt l'aventure d'une voix qui s'avance, se multiplie et trébuche, se reprend pour bifurquer ensuite vers un sens plus sûr, revenir enfin vers la rectification folle d'une autre question : une partition géographique, empruntant au théâtre ses didascalies pour désigner les lieux de la langue et du corps à l'instant de leurs noces. Il y a donc des convives, un chœur, des hommes et des femmes, des témoins et des animaux, mouches puis merlettes ou abeilles, rats enfin. Entre eux la parole circule, et le texte progresse selon un principe de réitération parfois comique, de variations qui vont aussi jusqu'au vertige. Voilà pour l'illimité, dont la syntaxe laisse deviner les méandres, toute en ruptures et suspensions, différences et répétitions. L'improbable, c'est cette corporation de bouchers qui marie ses enfants : au menu du festin, le destin des familles, comme dans les meilleurs tragédies. Et comme toujours chez Savitzkaya, le sang se met à parler, sa circulation dans les mots irriguant l'extraordinaire tirade en rond d'un opposant aux noces : la voix sort d'un tonneau, rappel d'une sagesse antique et appel à une pensée faite, peut-être, de son propre flux. C'est une fête aussi pour l'identité, comme délivrée par un ultime flot de questions qui nous laissent soûls, seuls, après les fastes du banquet. C'est alors l'auteur, bien sûr, qu'il nous faut célébrer. »

 




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