Philosophie


Revue Philosophie

Philosophie n° 157


2023
96 pages
ISBN : 9782707348593
11.00 €

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Ce numéro s’ouvre sur la traduction, par Clément Lion, de « Logique et Agon », texte d’une conférence prononcée à Rome en 1958 par le philosophe et mathématicien allemand Paul Lorenzen. Dans ce texte inaugural sont posées les bases de la logique dialogique, qui représente une approche alternative de la question du sens et de la vérité logique, fondée sur un formalisme dynamique ; grâce à l’enrichissement de l’approche standard de la logique par des outils originaux, ce fomalisme permet une explication philosophique des fondements du concept de validité formelle. Dans sa présentation, Clément Lion montre que l’ambition initiale de Paul Lorenzen n'était pas tant de proposer un nouveau formalisme logique que de questionner en son principe toute entreprise fondée sur l'usage d’un tel formalisme.
« Description mince et description épaisse d’une œuvre d’art » se situe au carrefour de la philosophie analytique et de l’iconologie. Johann Michel y interroge la démarcation entre la description et l’interprétation d’une œuvre d’art. Plutôt que de les opposer, il cherche à les mettre en dialectique, et ce à partir de la distinction proposée par Ryle entre description mince et description épaisse ; refusant la possibilité de principe d’une description pure et neutre d’une œuvre d’art, la contribution plaide en faveur du relativisme intégral défendu par Joseph Margolis, qui repose sur le principe de tolérance d’interprétations incompatibles, pour autant qu’elles demeurent plausibles.
Romain Couderc, dans « Au travers de la phénoménologie : l’expression et les traces du sens chez Merleau-Ponty », s’intéresse à la notion de trace. Signe faible et équivoque, élevé au rang d’opérateur conceptuel essentiel dans les philosophies de Levinas et de Derrida, elle intervient de façon allusive mais insistante dans les écrits de Merleau-Ponty consacrés à la parole et à l’écriture pour contester la toute-puissance hégémonique du signe. Au travers de la phénoménologie husserlienne, Merleau-Ponty examine le statut essentiel de l’écriture dans la constitution de la corporéité, de l’altérité, de l’intersubjectivité et de l’historicité : pensés comme traces et « expérience d’un absent », les signes graphiques acquièrent une dimension d’idéalité matérielle d’un genre nouveau, aux limites de la phénoménologie.
Dans « Phénoménologie de la peur », Sébastien Perbal donne une interprétation phénoménologique de la peur qui, tout en suivant la lecture que Heidegger donne de la Rhétorique d’Aristote, met en évidence de la tonalité de fond qui est constitutive de la mobilité moyenne de l’existence. Il montre que le signe, tel qu’il se donne dans la peur, est indissociable d’un certain savoir de ce qui approche depuis le lointain. Mais puisque le savoir de ce qui vient est aussi ce que le second Heidegger pense sous le titre de pressentiment (Ahnung) – lequel n’est rien d’autre que le savoir de l’Ereignis –, il se demande si l’herméneutique de la peur procède bien d’une description phénoménologique ou si elle n’est pas déjà l’attestation d’une attention portée à la dimension d’appartenance de la phénoménologie elle-même.

D. P.

 

 

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