Critique


André Green

Narcissisme de vie, narcissisme de mort


1983
Collection Critique , 288 pages, épuisé
ISBN : 9782707306357
* Réédition dans la collection de poche Reprise


Le regain d’intérêt pour le narcissisme dans la théorie psychanalytique justifie la publication de ce recueil d’articles, qui comporte aussi des textes inédits, tous centrés sur cette question, l’une des plus énigmatiques de la psychanalyse. Freud, après avoir introduit le narcissisme en 1914, devait se désintéresser de ce concept qu’il avait brillamment développé quand il eut procédé aux remaniements théoriques amorcés autour de 1920 qui donnèrent naissance notamment à la dernière théorie des pulsions (opposition des pulsions de vie et des pulsions de mort), à la deuxième topique de l’appareil psychique (Ça-Moi-Surmoi), à sa nouvelle conception de l’angoisse, etc.
Après une période d’oubli, ce concept en déshérence fut remis en honneur en France depuis déjà un certain nombre d’années, tandis que l’Amérique sembla redécouvrir récemment son existence. André Green, qui n’a cessé de s’intéresser à ce problème depuis 1963, est cependant un des rares auteurs – sinon le seul – à avoir tenté d’articuler la théorie du narcissisme avec celle de la dernière théorie des pulsions. Alors que le narcissisme n’est généralement envisagé que sous ses aspects positifs, par lesquels on le rattache aux pulsions sexuelles de vie, il montre la nécessité de postuler l’existence d’un narcissisme de mort, qu’il appelle le narcissisme négatif. À la différence du premier, qui vise l’accomplissement de l’unité du Moi, le second tend au contraire à son abolition dans l’aspiration au zéro.
Cette théorie du narcissisme est complétée par l’exposition d’un certain nombre de “ formes narcissiques ” qui sont autant de configurations observées dans la pratique. Enfin, un travail sur le Moi souligne la duplicité qui sous-tend sa structure dans la contradiction entre se savoir mortel et se croire immortel. Tout porte à conclure à Narcisse Janus.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Préface : Le narcissisme, hier et aujourd’hui

Première partie : Théorie du narcissisme. Chapitre I. Un, Autre, Neutre : Valeurs narcissiques du même – Chapitre 2. Le narcissisme primaire : Structure ou état ? – Chapitre 3. L’angoisse et le narcissisme

Deuxième partie : Formes narcissiques. Chapitre 4. Le narcissisme moral – Chapitre 5. Le genre neutre – Chapitre 6. La mère morte

Postface : Le Moi, mortel-immortel 

Roland Jaccard (Le Monde, 25 mars 1983)

Un janséniste de la psychanalyse
 
 Avec André Green, le lecteur est toujours assuré de retrouver la voie royale qui mène aux grandes interrogations freudiennes. Il sait également qu’il pourra admirer une culture psychanalytique jamais en défaut. Qu’il s’agisse de la pulsion de mort, du narcissisme, du masochisme moral, du transfert ou de l’angoisse, André Green constitue le guide idéal, l’arbitre des conflits théoriques, le psychanalyste auquel on peut faire confiance. Ce n’est pas lui qui dirait n’importe quoi par goût de l’esbroufe, du pouvoir ou de la publicité.
Ce janséniste de la psychanalyse a recueilli dans Narcissisme de vie, narcissisme de mort des études publiées durant ces quinze dernières années dans diverses revues scientifiques. Curieusement, André Green adopte à l’égard du narcissisme la même attitude que d’autres psychanalystes vis-à-vis du donjuanisme. De même que Don Juan ne saurait être qu’un impuissant ou un homosexuel refoulé, les sujets narcissiques seraient précisément “ carencés ” quant à l’amour de soi. Face à Don Juan, comme face à Narcisse, le psychanalyste est mal à l’aise : il éprouve à tout prix le besoin d’en faire des êtres meurtris, dont il faut redresser le désir, quitte à utiliser le venin du dénigrement. Empressons-nous d’ajouter que telle n’est pas l’intention d’André Green, même si son propre narcissisme donne parfois l’impression d’être resté prisonnier des filets théoriques lancés par Freud et ses disciples au début du siècle. 

 




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