Romans


Samuel Beckett

Têtes-mortes

(D'un ouvrage abandonné - Assez – Imagination morte imaginez – Bing – Sans)
1967- édition augmentée 1972


1972
80 pages
ISBN : 9782707303370
11.00 €


 « Le jardinier coupe les têtes mortes de son rosier s'il veut qu'il soit florissant. Les pétales recueillis continueront à offrir leur parfum. Ainsi de l'écrivain qui confie à la publication ce qui a fleuri sous sa plume, puis va poursuivant son œuvre. »

* D'un ouvrage abandonné. Fragment de prose écrit en anglais en 1956. Première publication : From an Abandoned Work, dans Trinity News, vol. 3, n°17, juin 1956 et (révisé) dans Evergreen Review, vol. 1, n°3, 1957. Traduction française par Ludovic et Agnès Janvier en collaboration avec l'auteur.
« Comme bien des protagonistes dans l'œuvre de Samuel Beckett, le personnage est ici en route non pas " pour quelque part, mais tout simplement en route ”. Il va donc, tombant parfois, se relevant, vieillissant, se détériorant, ne cessant d'évoquer le passé " Passé, passé, il y a une place dans mon cœur pour le passé. ” Mais il hait le mouvement, il ne s'arrête pour contempler les choses que si elles sont immobiles, fixes, enracinées. Il ne supporte pas le vol des oiseaux pas plus que jadis il n'avait supporté de voir sa mère gesticuler à la fenêtre. Peut-être l"a-t-il tuée comme il a tué son père, comme il voudrait sans doute se tuer pour que cesse " cette affreuse bougeotte que j’ai toujours eue ”. »
Edith Fournier

* Assez. Texte écrit en français en 1966. Pré-publication dans La Quinzaine littéraire, n°1, 1-15 avril 1966. Première publication aux Éditions de Minuit en 1966, sous forme d'une plaquette au tirage limité.
« Il erre aussi ce couple improbable tant est grande la différence de leurs âges. La femme nous raconte leurs étranges tribulations et leurs menus plaisirs. Ils sont bientôt tous deux si courbés, le tronc à l’horizontale, qu’ils ne voient plus que le tapis de fleurs sur les collines parcourues sans relâche, main dans la main. Ils sont disparates et pourtant identiques car tout ce qu’elle ressent émane toujours de lui, ses pensées, ses questions, ses désirs. D’aucuns verront là une relation de maître à esclave, quasi l’évocation d’un syndrome de Stockholm. Quoi qu’il en soit, se retrouvant maintenant seule après sa “ disgrâce supposée ” ou peut-être la mort de l’homme, et vieillissant à son tour, c’est un poignant hymne à l’amour que cette femme nous livre. “ Je ne sais plus le temps qu’il fait. Mais du temps de ma vie il était d’une douceur éternelle ”, dit-elle. De ce temps où, au repos, elle et lui étaient “ pliés en trois, emboîtés l’un dans l’autre. Deuxième équerre aux genoux. Moi à l’intérieur ” la sensation demeure : “ Je le sens la nuit contre moi. ” De ce seul temps où elle a vécu elle veut finalement effacer tous les détails et ne garder : “ Rien que nous deux nous traînant dans les fleurs. ” »
Edith Fournier

* Imagination morte imaginez. Texte écrit en français en 1965. Pré-publication dans Les Lettres Nouvelles, numéro d’octobre-novembre 1965. Première publication aux Éditions de Minuit en 1965, sous forme d’une plaquette au tirage limité.

* Bing. Texte écrit en français en 1966. Première publication aux Éditions de Minuit en 1966, sous forme d’une plaquette au tirage limité.

* Sans. Texte écrit en français en 1969. Pré-publication dans La Quinzaine littéraire, n°82, 1-15 novembre 1969. Première publication aux Éditions de Minuit en 1969, sous forme d’une plaquette au tirage limité.
« Il aura fallu que l’être s’égare par tant de faux chemins, qu’il se fourvoie sur tant de fausses routes, avant de parvenir enfin au vrai refuge calme et serein où règne l’absence de toutes choses. Là, maître de toute sa raison, l’être muet enfin sans souvenir demeure dans un monde sans temps, sans bruit et sans mouvement. Mais le “ vrai refuge ” s’effondre et voici que l’être est seul debout dans un monde de sable gris cendre, sans relief, sans issue et sans fin, où gisent alentour les ruines répandues du refuge aboli, oublié. Ici le dépouillement du langage s’allie à une structure d’une telle cohérence qu’elle se fait elle-même langage et se charge de sens. Au delà des mots, il y a le jeu de leur disposition et de leur répétition à l’intérieur des phrases ; au delà des phrases, le jeu de leur disposition et de leur répétition au cours du texte. Dans l’œuvre de Samuel Beckett apparaît souvent son goût pour les mathématiques, les nombres, l’élégance de leur langage et le jeu des combinaisons possibles qu’elles permettent. Ici le mathématicien s’est associé au poète. C’est la même mélopée que, dans une disposition différente, nous entendons, nous éprouvons, nous vivons une seconde fois. Mais c’est peut-être aussi une autre voix qui répète à sa manière la même litanie, le même poème. Le “ Petit corps soudé gris cendre cœur battant face aux lointains ” n’est peut-être pas le seul. Chacun seul “ debout ”, chacun ayant à l’avenir “ un pas un seul tout seul ” à faire, ce sont peut-être deux êtres qui, chacun dans ses ruines, chacun dans son refuge sans issue, tour à tour rêve en proie aux chimères et s’éveille enfin à “ l’air gris sans temps ”. »
Edith Fournier

ISBN
PDF : 9782707325990
ePub : 9782707325983

Prix : 7.99 €

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Du même auteur

Poche « Double »

Livres numériques

Voir aussi

* Robert Pinget, La Manivelle, édition bilingue. Texte anglais de Samuel Beckett, The Old tune.

Sur Samuel Beckett :
* Revue Critique n°519-520, septembre 1990, numéro spécial,  Samuel Beckett  (Minuit, 1990).
* Antoinette Weber-Caflish, Chacun son dépeupleur. Sur Samuel Beckett (Minuit, 1995).
* Evelyne Grossman, La Défiguration. Arthaud, Beckett, Michaux (Minuit, 2004).




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