Critique


Charles Rosen

Schœnberg

Traduit de l’anglais par Pierre-Étienne Will
Avec une bio-bibliographie d’Arnold Schœnberg


1980
Collection Critique , 112 pages
ISBN : 9782707302915
13.70 €


En proposant une introduction à Arnold Schœnberg le pianiste Charles Rosen propose non seulement une étude de l’œuvre du compositeur mais il rend également compte du développement historique et de la signification de la musique dodécaphoniste dans le contexte artistique et politique qui prévalait en Europe à la veille de la Première Guerre mondiale.
C’est dans le cadre de la crise qui caractérise tout le milieu artistique du début du XXe siècle que Rosen étudie la révolution schœnbergienne et tout d’abord l’émancipation du compositeur à la dissonance. Cette période qui va de 1908 à 1913, voit dans l’œuvre de Schœnberg la destruction progressive du cadre tonal puis l’abandon de la forme thématique.
L’auteur met ensuite en valeur l’histoire de ce que l’on a appelé à travers Schœnberg, Berg et Webern, la seconde école viennoise autrement dit l’histoire de la musique qu’on a vue apparaître dans les années 1920. Schœnberg à ce moment là travaillait à intégrer les acquisitions de la musique sérielle à l’héritage des œuvres des XVIIIe et XIXe siècles. C’est l’occasion pour Rosen d’opposer les contradictions qu’à vécues le compositeur entre ses tendances conservatrices et son apport au dodécaphonisme.
L’ouvrage s’intéresse en outre à d’autres aspects de l’œuvre de Schœnberg dont la création de la Société d’exécution musicale privée n’est pas le moindre. Fondée pour s’attaquer au problème que soulevait la détérioration des rapports entre le compositeur contemporain et le public, cette société se définissait comme un instrument d’éducation et non pas de propagande.
Charles Rosen montre aussi comment Schœnberg a été l’un des plus grands pédagogues du siècle, l’essentiel de son enseignement portant sur l’harmonie et le contrepoint. Et, au terme de l’ouvrage il constate que nul plus que ce compositeur révolutionnaire qu’a été Arnold Schœnberg, n’a insisté davantage sur la nécessité d’une maîtrise approfondie des traditions comme fondement d’une œuvre originale.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Préface – 1. L’expressionnisme – 2. L’atonalité – 3. La Société d’exécutions musicales privées – 4. Dodécaphonisme et néoclassicisme – Chronologie – Bibliographie

(Les Nouvelles littéraires, 1980)

 Voici que paraît un petit essai de Charles Rosen – auteur par ailleurs d’une thèse fort discutée sur le style classique – et dont on ne saurait trop recommander les mérites. Mettant en avant ce phénoménal quiproquo historique qui veut que Schœnberg soit, partout et par tous, admis comme l’un des plus grands de ce siècle alors même qu’on continue d’entretenir trois décennies après sa disparition d’impossibles polémiques à son endroit, Rosen nous offre en peu d’espace une exégèse concise, brillante mais surtout audacieuse. Un livre rare donc et qui fait se demander s’il reste vraiment quelque chose à écrire sur Schœnberg. Ou comme quoi, en à peine plus de cent pages, il est parfois possible d’en dire infiniment plus qu’en mille cinq cents. 

Gérard Condé (Le Monde, 11 mars 1980)

Les clefs de Schoenberg
 
 Les bons livres sont rares, mais, quoique les livres sur Schœnberg soient rares, on ne saurait en déduire qu’ils sont bons. Pourtant, le petit ouvrage de René Leibowitz, dans la collection  Solfèges  est excellent, et voici que parait, aux Éditions de Minuit, l’ouvrage de Charles Rosen – auteur du déjà Style classique (Éditions Gallimard) que les amateurs de Mozart, Haydn et Beethoven gardent précieusement sur leur table de chevet – publié il y a quelques années aux États-Unis et qui soulève d’enthousiasme ceux qui l’ont déjà lu.
Trois grands chapitres seulement : l’expressionnisme, l’atonalité, dodécaphonisme et néoclassicisme, et pourtant l’essentiel est dit, c’est la fronde de David qui suffit à renverser les pieuses absurdités qu’on a voulu faire passer pour des éclaircissements ou une initiation, les démonstrations qui prouvaient seulement l’étroitesse d’esprit (n’est-il pas singulier que les détracteurs voient parfois plus juste que les prosélytes bornés ?).
À proprement parler, Charles Rosen n’explique pas tout, mais, prenant notamment Erwartung comme point de référence dans la première partie, il élargit peu à peu mais irrésistiblement l’horizon de la pensée du lecteur, qui, loin de se sentir, comme dans certains ouvrages moins recommandables de René Leibowitz, prisonnier d’un raisonnement un peu trop militant, découvre à chaque page des évidences là où il croyait voir un labyrinthe inextricable.
La dernière qualité de ce livre, qu’on peut conseiller ou offrir les yeux fermés, c’est qu’il s’adresse aussi bien a ceux qui découvrent Schœnberg (il n’exige en outre que des connaissances techniques élémentaires) qu’à ceux qui sont familiers de sa musique, voire de son écriture. 

 

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