Philosophie


Revue Philosophie

Philosophie n° 95


2007
96 p.
ISBN : 9782707320070
10.00 €

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Ce numéro s'ouvre par la traduction et la présentation, dues à O. Feron, d"un discours de Cassirer intitulé L’Idée de la Constitution républicaine , prononcé à Hambourg pour le dixième anniversaire de la fondation de la République de Weimar. Contre la position romantique dont le particularisme nationaliste a pu inspirer les positions populistes, il défend une conception de l’État fondée sur une légalité idéale et universelle, dont il retrace la généalogie de Leibniz à Kant - afin de montrer qu’elle n’a pas été imposée du dehors à l’Allemagne, mais qu’elle a crû sur son propre sol spirituel. En toile de fond se dresse la question de l’interprétation de l’histoire : comprendre l’histoire de manière symbolique requiert de ne pas la concevoir comme une succession d’événements, mais de la considérer du point de vue d’Idées téléologiques et supra-empiriques – ce qui donne sens à l’idée d’une événementialité idéale.
Dans Sens et vie chez Nietzsche , É. Dufour examine les présupposés dogmatiques sur lesquels repose l’affirmation selon laquelle la philosophie de Nietzsche serait une philosophie de la vie – et, ce faisant, entre dans un débat polémique avec une interprétation courante. Dans une lecture inspirée par les philosophies néokantiennes de la valeur, il tente de montrer, en mettant en évidence les multiples procédés autoréférentiels présents dans les textes mêmes de Nietzsche et en se situant dans la lignée de la lecture deleuzienne, que sa pensée est au contraire une philosophie du sens où la vie, loin d’être un donné immédiat, est le résultat d’une construction conceptuelle effectuée en fonction de certaines valeurs.
Se situant dans le sillage phénoménologique de Husserl et Heidegger, puis des analyses de G. Granel, J.-M. Garrido propose dans La synthèse de la limite ou la formation du temps une lecture de Kant centrée sur le problème de la genèse de la forme a priori de la sensibilité qu’est le temps ; problème paradoxal d’un point de vue strictement kantien, vu que cette forme a priori, constitutive du sujet transcendantal, est originaire et ne saurait être empiriquement dérivée. Prolongeant le geste husserlien de dérivation des formes structurelles du monde perceptif à partir de la hylè sensible, et celui, heideggerien, d’engendrement de ces formes par l’imagination transcendantale, J.-M. Garrido lit les Anticipations de la perception de la Critique de la raison pure en tâchant de trouver dans l’analyse kantienne de la réalité et de la sensation de quoi penser l’origine des intuitions pures.
La loi morale, ratio cognoscendi de la liberté d’A. Grandjean est consacré à la pensée pratique de Kant et étudie la preuve de la réalité de la liberté présentée dans la Critique de la raison pratique. À cette fin, il analyse le concept kantien de ratio cognoscendi pour montrer que l’assimilation de la loi morale à la ratio cognoscendi de la liberté fonde une connaissance indirecte de cette dernière : la liberté transcendantale est prouvée de manière apagogique, à partir du fait qu’elle conditionne – celui de la loi morale. Il confirme cette interprétation par l’analyse précise des paragraphes 5 et 6 du chapitre premier de l’ Analytique de la raison pratique pure , montrant que le renvoi réciproque de la loi morale à la liberté ne vaut en fait que de la première à la seconde, et non en sens inverse.
D. P.

Sommaire

ERNST CASSIRER
L’idée de
la Constitution républicaine
ÉRIC DUFOUR
Sens et vie chez Nietzsche
JUAN-MANUEL GARRIDO
La synthèse de la limite
ou la formation du temps
ANTOINE GRANDJEAN
La loi morale,
ratio cognoscendide la liberté
NOTES DE LECTURE

 

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