On voit des fleurs à l'intérieur

Delphine et Marinette, les personnages dont il est question dans cet ouvrage, n’ont pas grand chose à voir avec les héroïnes des Contes du chat perchés que l’on donnait traditionnellement à lire aux petites filles. Marginale, la vie qu’elles mènent s’écoule sans autre repère que leurs voyages en stop et les défonces avec leurs copains. Entre ces menus évènements qui constituent leur quotidien, les impressions de Delphine devant la vie qu’elle refuse et les aléas de ce qu’elle a choisi, quelques revendications politiques et des considérations sur la condition féminine. Tout cela n’est finalement dit que pour mettre à jour une sensibilité autre qui débouche sur une nouvelle forme d’écriture “ Arriver à écrire transparent comme on pense. Arriver à mettre sur le papier les moments. ”

‑‑‑‑‑ Extrait du livre ‑‑‑‑‑

On attend sept heures pour entrer dans un café. On mange deux pains au chocolat tout chauds. Jusqu'à Montluçon on écoute un monsieur parler d'avenir à son fils. Il y a du soleil. Sur l'herbe on mange de la compote de pommes et des yaourts à la cerise. Dans un petit bled on déplore encore notre condition féminine. Au bout de vingt minutes de cache-cache, je réussis changer de tampax. À Moulins on cherche Bul. On trouve Bul. On écoute de la musique. On dort chez un copain à Bul. Un jour Bul m'a embrassé. Un jour on fume du shit sur la plage. J'ai peur. On va ailleurs. Une fois on va au bord de l'eau. C'est l'Allier. Il y a de gros cailloux. L'eau on dirait qu'elle bout. Je trempe mes pieds dedans. Je pense à ma grand-mère qui dit toujours café bouillu café foutu. Une autre fois on va à la plage avec les copains de Moulins. Ils sont tous à poil. Ils disent que c'est parce qu'ils sont libérés. On rentre en stop avec un vieux monsieur saoul.