Paradoxe


Nathalie Heinich

Du peintre à l’artiste

Artisans et académiciens à l’âge classique


1993
Collection Paradoxe , 304 pages
ISBN : 9782707314543
28.50 €


En 1648 fut fondée à Paris l’Académie royale de peinture et de sculpture : innovation radicale dans le monde des “ imagiers ”, puisque c’était revendiquer l’accès à un statut traditionnellement réservé aux “ arts libéraux ” dont peinture et sculpture n’avaient jamais fait partie. Car il fut un temps, pas si lointain, où les notions d’art et d’artiste n’avaient pas cours au sens où nous les entendons ; où peintres et sculpteurs étaient des artisans, semblables à tous les travailleurs manuels qui produisaient et vendaient eux-mêmes leurs ouvrages, cordonniers ou boulangers, chapeliers ou vitriers ; et où former une académie représentait un privilège qui, parce qu’il outrepassait la coutume et le droit, dût être conquis de haute lutte.
Pour comprendre le passage de l’artisanat aux beaux-arts et du peintre à l’artiste, il faut chercher les raisons de cette “ académisation ” des arts du dessin à l’âge classique : pourquoi ne sont-ils pas demeurés des métiers artisanaux exercés dans un quasi-anonymat, et pourquoi cela advint-il aux arts de l’image plutôt qu’à n’importe quelle autre activité manuelle ? Et il faut en dégager les effets sur leur pratique et sur leur perception : comment se transforma la hiérarchie des peintres, et leur rapport au talent, à l’argent, aux clients, à leur nom même et à leur propre image’ ? Comment évolua le regard sur la peinture, et comment s’imposèrent peu à peu les termes de “ beaux-arts ” et d’“ artiste ”, jusqu’alors inconnus ? Ce sont les questions auxquelles répond cet ouvrage, en retraçant la formulation en France de l’identité d’artiste. du milieu du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle, en cette période où triompha, de sa mise en place aux prémices de sa mise en pièces, le régime académique.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

I. Académisation et professionnalisation : La revendication académique – L’argumentaire – La solution – L’innovation – La professionnalisation.

II. Le privilège des arts du dessin : Des arts du décor aux arts du dessin – Pouvoirs de l’image – Prestige de la peinture – Amateurs et curieux – Une position charnière.

III. Dispersion et hiérarchisation des pratiques : L’espace institutionnel – La géographie artistique – Le marché des images – La hiérarchie des genres – Du statut aux représentations.

IV. La libéralisation de l’image : Apprentissage, enseignement, disposition – Les formes de la rétribution – Les extensions du nom – La multiplication des modèles – Légalisation et légitimation.

V. L’intellectualisation du regard : Les formes de la littérature artistique – Les degrés de la perception esthétique – De la science perspective à l’art pictural – Du dessin à la couleur – Des Anciens aux Modernes – Le simple naturel ou la belle nature – Bonnes et mauvaises manières – De la règle au génie.

VI. L’invention des  beaux-arts  : Du sur-classement à la re-classification – Arts, lettres, sciences – Les beaux-arts face aux  arts  – Du  negotium  à l’ otium  : l’art de l’inutile.

VII. L’apparition de l’ artiste  : Le flottement sémantique – Vers la vocationnalisation de la peinture.

Bibliographie – Index – Annexes.

 

Du même auteur

Voir aussi

* L’art et la manière , dans l’ouvrage collectif, Le Parler frais d’Erving Goffman (Minuit, 1990).
* Edgar Zilsel, Le Génie. Histoire d’une notion de l’Antiquité à la Renaissance. Préface de Nathalie Heinich (Minuit, 1993).




Toutes les parutions de l'année en cours
 

Les parutions classées par année