Essais


Monique Wittig
Edition établie par Sara Garbagnoli et Théo Mantion

Dans l'arène ennemie

Textes et entretiens 1966-1999


2024
368 pages
ISBN : 9782707349996
22.00 €


En 1979, Monique Wittig figure en une image toute guérillère la portée de son projet : entrer par effraction « dans l’arène ennemie » pour faire sauter les formes, concepts et catégories qui font de l’hétérosexualité le seul contrat social possible.

Ce volume inédit réunit la riche production de textes, articles et entretiens qu’elle a signés entre 1966 et 1999 – devenus au fil du temps introuvables. Écrits ou publiés en français, anglais, néerlandais, portugais ou allemand, ils constituent autant d’entrées dans l’arène ennemie, toujours fracassantes par leur pouvoir immédiat de mise en cause de nos mythologies modernes.

ISBN
PDF : 9782707355041
ePub : 9782707355034

Prix : 15.99 €

En savoir plus

Le Matricule des Anges, avril 2024

Grand dossier sur Monique Wittig

Monique Wittig a construit une oeuvre poétique et politique majeure, touchant à un art presque total. Se renouvelant sans cesse, elle a mené de subtiles et féroces opérations formelles et philosophiques pour éradiquer toute dominiation sociale et sexuelle. Depuis son prix Médicis il y a soixante ans pour L'Opoponax, état dans les lieux dans l'arène wittigienne. 





Libération
, Philippe Lançon, 25 avril 2024





France culture, Le regard culturel, Lucile Commeaux, 4 avril 2024

Le Regard culturel : France Culture: Amazon.in: Books 

Les éditions de Minuit font paraître "Dans l'arène ennemie", un recueil composé de textes inédits en français de Monique Wittig, grande écrivaine féministe, dont la variété montre paradoxalement la ténacité de la pensée.

Écouter l'émission



Télérama
, Nathalie Crom, 3 avril 2024






Les Inrocks
, Jean-Marie Durand, avril 2024

Dans l’arène ennemie de Monique Wittig

Un recueil rassemble des entretiens de l’autrice devenus introuvables et des textes inédits, rappelant la puissance subversive de son écriture et la récente histoire du féminisme politique et dissident.

Disparue il y a vingt-et-un ans, la romancière, théoricienne et militante lesbienne Monique Wittig habite plus que jamais le paysage intellectuel et militant contemporain. Comment lire ou relire aujourd’hui la figure tutélaire des Gouines rouges des années 1970, autrice de textes fondateurs du “lesbianisme radical” ? Comment mesurer la résonance de ses romans — L'Opoponax (1964), Les Guérillères (1969), Virgile, non (1985) — et de ses essais majeurs — Le Corps lesbien (1973), La Pensée straight (1992) ? Qu’est-ce qu’elle trouble encore en nous ? En se plongeant dans la somme de textes inédits édités et annotés par Sara Garbagnoli et Théo Mantion dans le recueil Dans l’arène ennemie, publié par son éditeur historique (Les Éditions de Minuit), on ne peut qu’être frappé-e par la puissance intacte d’une pensée dont la radicalité, contestée en son temps, questionne encore notre époque sans jamais céder aux normes communes et en résistant toujours à l’hétéropatriarcat. Comme si elle était définitivement irrécupérable, et pourtant si éclairante sur ce qui est problématique dans les rapports de domination de genre et de classe.

Ses engagements ont résisté à l’usure du temps. Mieux, ils semblent ranimés par les débats qui nous agitent actuellement. Irrécupérable, c’est bien ainsi qu’elle fut considérée par de nombreuses féministes hétérosexuelles qui, en dehors de ses complices de la revue Questions féministes (Colette Guillaumin, Christine Delphy...), ne pouvaient pas la suivre jusqu’au bout de sa radicalité lorsqu’elle déclarait, par exemple, que « les lesbiennes ne sont pas des femmes ». La femme, « produit d’une relation d’exploitation », est avant tout « une construction politique et idéologique qui nie les femmes », disait-elle, rejetant la différenciation sexuelle. Le féminisme était pour elle « un mot gênant non pas à cause des suffragettes » mais « à cause de la femme autour duquel il est bâti ». C’est pourquoi « le lesbianisme n’a rien à voir avec le féminisme ». Autant que le patriarcat, le matriarcat divise le monde en deux genres ; il est tout aussi incapable de concevoir les femmes en dehors de leur rôle de mères. Comme elle le confia au magazine Actuel en janvier 1974, le lesbianisme est la seule forme sociale par laquelle les femmes peuvent être libres : être lesbienne, c’est « vivre par soi et pour soi, une indépendance totale par rapport au regard des hommes, à la mise en forme du monde qu’ils ont construit ». Et elle ajoutait : « Sur ce plan, je ne me sens pas du tout éloignée de certaines copines hétérosexuelles ».

Même si elle a accompagné la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) en inventant le slogan « un homme sur deux est une femme », Monique Wittig n’a donc jamais cessé de déranger et de se heurter à ses « ennemies », comme l’illustrent les textes cinglants réunis dans le bien nommé Dans l’arène ennemie, restés jusqu’ici dispersés dans les journaux et revues françaises (La Quinzaine littéraire, Actuel, L'Idiot international, Libération, Politique Hebdo...) et étrangères (The Village Voice…). En dépit de sa volonté de constituer un front lesbien international au milieu des années 1970, elle resta toujours en marge des groupes militants. « Je ne me sens à ma place nulle part », répétait-elle, lucide sur son extraterritorialité intellectuelle. « Wittig n’hésite jamais à investir le registre polémique, pourvu qu’il permette la confrontation de points de vue et rende possibles de nouveaux sentiers théoriques et politiques », observent Sara Garbagnoli et Théo Mantion dans la préface. « Les mots fonctionnent comme des matraques », estimait-elle. À la violence des mots hétérosexualisant les corps et les esprits, elle opposait avec fougue celle de ses propres mots, estimant que « l’écriture doit chercher à défaire et à détruire pour faire exister de nouvelles formes de subjectivité », précisent Sara Garbagnoli et Théo Mantion. C'’est en découvrant l’œuvre de Nathalie Sarraute qu’elle a saisi le pouvoir concret des mots sur les corps. « C’est le génie du siècle », confessait-elle à Claire Devarrieux dans Libération en juin 1999. « C'est beau littérairement, philosophiquement, c’est aussi révolutionnaire, je ne vois aucun écrivain qui puisse se comparer à elle. Elle a fait connaître des phénomènes de langage vivant qu’aucun linguiste n’aurait pu mettre au jour » De Sarraute à Robbe-Grillet, mais aussi de Gertrude Stein à William Faulkner, ses admirations littéraires éclairent ses engagements théoriques. « Il n’y a pas de littérature féminine, on est écrivain, ou pas », estimait-elle. En littérature comme en politique, elle cherchait les voix et les voies faisant sécession avec le point de vue « straight », avec les normes établies. Elle rêvait des Amazones, dont elle était certaine qu’elles avaient bien existé et qu’on les avait « renvoyées dans la mythologie comme tout ce qui a pu être une menace pour la société mâle dominante ».

Déjà saluée l’an dernier par Émilie Notéris dans Wittig (Les Pérégrines), cette radicalité révolutionnaire hante Dans l’arène ennemie, où les mots de Monique Wittig, inflexibles et agiles à la fois, résonnent comme de puissants outils critiques du monde présent.




Diacritik, Antoine Idier, 4 avril 2024





Dans l’arène ennemie, le beau, puissant et élégant volume d’écrits de Monique Wittig que publient les Éditions de Minuit, se lit comme une cartographie des combats auxquels a pris part l’écrivaine et théoricienne féministe et lesbienne née en 1935 et disparue en 2003. On ne peut s’empêcher d’entendre un écho avec deux autres titres : L’ennemi principal, article fondateur puis ouvrage en deux tomes de Christine Delphy qui a compagnonné avec Wittig aux débuts du mouvement féministe dans les années 1970 – avant une brutale rupture personnelle, politique et théorique –, et L’ennemi déclaré de Jean Genet, qui, comme Wittig, a interrogé les liens entre littérature et révolution radicale, et auquel l’écrivaine elle-même a pu se référer ponctuellement. Critique et entretien avec Sara Garbagnoli et Théo Mantion.

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