Revue Critique
Critique n° 803 : Vivants minuscules
2014
96 p.
ISBN : 9782707323736
11.50 €
Du ciron de Pascal aux cicindèles de Jünger, bien des petites bêtes bourdonnent, sifflent et stridulent dans l’imaginaire philosophique. Par l’incroyable diversité de leurs formes, les insectes fascinent et inquiètent. Quelque chose de mécanique dans leur gesticulation suggère que ces vivants minuscules sont aussi des vivants insensibles, figures d’une mort qui serait déjà présente dans la vie. Kafka a su dire l’angoisse du devenir-insecte, mais la science n’est pas moins sensible que la littérature au mystère de leurs comportements. Y compris la science politique, qui a longtemps voulu, dans le miroir illusoire de leurs « sociétés », reconnaître des formes ici démocratiques, là monarchiques, ailleurs encore tyranniques. Mais si les insectes tournent et retournent dans nos têtes, c’est qu’ils nous ouvrent un monde – et même un accès à la multiplicité des mondes possibles. C’est aussi que nous les découvrons, peu à peu, beaucoup plus en symbiose avec les autres vivants, non humains et humains, que nous ne l’aurions imaginé. Les insectes eux-mêmes ont en effet leurs « petites bêtes » : de fascinantes bactéries qui influent sur leur développement, changent leur sexe et commandent leur reproduction. Dans ce numéro, Thierry Hoquet, Karine Prévot et Olivier Surel explorent quelques-uns des mystères du micro-monde ; et le peintre Horacio Cassinelli, dans l’entretien qu’il nous a accordé, développe sa vision d’un art, « simulacre de la sélection naturelle », qu’il consacre aux éphémères. Sommaire Présentation Thierry HOQUET : Le philosophe à Lilliput Jean-Marc Drouin, Philosophie de l’insecte Olivier SUREL : Jakob von Uexküll. Une ontologie des milieux Jakob von Uexküll, Milieu animal et milieu humain Karine PRÉVOT : Symbioses microbiennes, ou comment des êtres minuscules font l’individu * entretien Horacio CASSINELLI : « Je considère le Louvre comme un vaste insectarium » Entretien réalisé par Thierry HOQUET Horacio CASSINELLI, « Mariposas », découpages, 2010. « Scaravinci », acrylique sur scarabées, 2012. Goliathus Scallasonassis, acrylique sur scarabées, 2010. Psycholeoptère Leigholiathus, acrylique sur scarabées, 2010. Mermécolion, stylo à bille, 2012. * Annamaria CONTINI : Les chemins du politique dans la morale de Guyau Jean-Marie Guyau, Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction Andrei MINZETANU : Traces scolaires Catherine Robson, Heart Beats. Everyday Life and the Memorized Poem Jean-Philippe ANTOINE : Un moderne médiéval ? Alexander Nagel, Medieval Modern. Art out of Time
Nicolas Mathey, L’Humanité, 11 avril 2014 Microbes et macro-organismes, tout un monde en symbioses Insectes et autres petites bêtes nous invitent « à repenser la biologie et à modifier nos concepts pour l’organisation du vivant », affirme la présentation du dossier que la revue Critique consacre à ces « vivants minuscules ». Le philosophe Olivier Surel discute la récente traduction de Milieu animal, milieu humain, dans lequel Jakob von Uexküll affirme en 1934 « la pluralité des environnements composés par l’action et la perception des organismes ». Quant à la philosophe Karine Prévot, elle met en évidence l’importance des symbioses entre microbes et macro-organismes, à l’inverse des principes de pureté de l’identité. Ce qui conduit, selon elle, à redéfinir l’individualité biologique au profit de la coopération et des interactions entre organismes, « qui peuvent évoluer et passer du parasitisme au mutualisme ». Ce dossier donne également à voir des reproductions d’œuvres d’Horacio Cassinelli, peintre uruguayen, pour qui le Louvre est « comme un vaste insectarium, une collection d’insectes morts dédiée à l’étude et à la classification ».
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